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SNCF: Draisy, ce train léger qui veut redonner vie aux petites lignes

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La SNCF planche depuis quelques années sur des solutions afin de mieux circuler sur les petites lignes peu ou pas exploitées voire fermées. Une expérimentation va débuter en Moselle.

Souvent critiquée pour avoir abandonné sous l'impulsion de l'Etat la desserte fine du territoire au profit du tout TGV, la SNCF se penche depuis quelques années sur les moyens pour redonner vie aux petites lignes peu ou pas exploitée voire fermées.

Ces petites lignes représentent un tiers du réseau ferré français, soit 9.000 km de voies peu électrifiées (dont 5.700 qui ne sont plus exploitées). Il y a donc un vrai enjeu d'aménagement du territoire qui s'inscrit dans l'objectif de la SNCF de doubler le nombre de voyageurs en dix ans et doubler la part du ferroviaire afin que le rail assure 20% des déplacements en France contre 10% aujourd'hui.

Impossible de faire (re)circuler des trains classiques sur ces lignes, cela aurait un coût bien trop élevé pour les régions (rames et modernisation de l'infrastructure) étant donné leur probable fréquentation.

L'idée: proposer des petits trains et trains légers, soit des rames sur batteries pouvant rouler sur de petites lignes mais interconnectables avec le reste du réseau. Ils ont vocation à renforcer les TER. Comme ils sont plus petits et plus légers, ils sont moins chers à l'achat pour les collectivités ou les régions.

Exemple avec Draisy qui est dans les cartons depuis plusieurs années maintenant, un projet cofinancé par l’État dans le cadre de France 2030.

A l'occasion du Congrès des Régions de France de Strasbourg, le groupe SNCF et Lohr (son constructeur) ont dévoilé le nouveau design de ce train.

Le système Draisy de la SNCF et Lohr
Le système Draisy de la SNCF et Lohr © Haïku Design/Lohr

Surtout, les deux entreprises ont annoncé que les essais du matériel roulant débuteront début 2027 sur la ligne Sarralbe - Kalhausen, en Grand Est.

"Il y a un espoir, il y a une attente de la part de nos habitants (...) à revoir ces trains circuler", a déclaré le président de la région Grand Est, Franck Leroy.

La commercialisation de la solution Draisy sur le marché national est prévue à partir de 2028. A ce moment, les régions ou les collectivités pourront si elles se souhaitent acheter ce "système ferroviaire" qui serait proposé autour de 1 million d'euros l'unité.

80 passagers

Draisy est 100% sur batterie car l'essentiel de ces petites lignes ne sont pas électrifiées pour une autonomie de 100 kilomètres. La recharge peut se faire en deux minutes à quai grâce à de nouveaux équipements mis au point.

"L'ensemble des petites lignes qui sont soit fermées soit en passe de l'être sont rarement électrifiées. Donc on a fait le pari d'un véhicule qui embarque une batterie, proche d'une batterie de bus en quelque sorte, et qui donc permet de ne pas réinvestir sur des infrastructures coûteuses que sont les caténaires", a expliqué à l'AFP Marie-José Navarre, vice-présidente de Lohr, fabricant du train.

Il peut embarquer 80 passagers dont 30 assis à 100 km/h.

"Avec ses 14 mètres (soit l’équivalent d’un bus) et son poids réduit de 20 tonnes, Draisy sera particulièrement adapté aux petites lignes, qui sont aujourd’hui desservies par des autorails X37500 de 47 tonnes", explique la SNCF. Les TER eux pèsent pas moins de 160 tonnes.

Par ailleurs, afin d’assurer la sécurité des circulations et de réduire les coûts d’exploitation, Draisy sera doté d’un système de supervision et de gestion des circulations spécialement conçu pour les petites lignes.

Et grâce au poids limité du matériel roulant, la voie sera moins sollicitée, réduisant encore ses coûts de maintenance. Au global, son coût d'exploitation est 60% inférieur à un train classique. Un argument de poids pour les collectivités.

Flexy

Evidemment, le succès d'une telle solution dépend des régions dont les budgets ne sont pas extensibles. D'autant plus que d'importantes dépenses ont déjà été réalisées pour renouveler le parc des TER.

Rappelons que la SNCF propose également Flexy, une petite navette à batterie capable de rouler sur rail et sur route.

Après de premiers tests en interne par la SNCF depuis l'an dernier en Bretagne, Flexy va être testée dans les prochains mois sur une ligne désaffectée, entre Autun et Etang-sur-Arroux, dans le département de Saône-et-Loire, en région Bourgogne-Franche-Comté, en vue d'une expérimentation en exploitation commerciale en 2025 ou 2026.

Flexy de la SNCF, et le dispositif qui permettra à deux navettes de se croiser
Flexy de la SNCF, et le dispositif qui permettra à deux navettes de se croiser © SNCF

Conçue par le français Milla et l’institut de recherche Railenium, Flexy peut embarquer jusqu'à 14 personnes et circuler sur une distance de 10 à 30 kilomètres à une vitesse d’au moins 70 km/h sur rail et 80 km/h sur route (dans le respect bien sûr des limitations de vitesse en vigueur).

Avec ses 3,5 tonnes, Flexy se range dans la catégorie des "trains très légers", elle a la particularité de pouvoir rouler sur goudron (notamment là où de petites voies ont été recouvertes), mais aussi sur les voies ferroviaires grâce à un ingénieux système de roues hybrides (route/rail) développé par Michelin.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business